Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que modernes, ont écrit de la nature des poissons, mais assez legerement, pour ne les auoir veuz, ains en auoir ouy parler seulement, et specialement de la Dorade. Aristote et Pline de la Dorade. Aristote escrit qu’elle a quatre nageoïres, deux dessus et deux dessoubs, et qu’elle fait ses petits en Esté, et qu’elle demeure cachée longue espace de temps : mais il ne le termine point. Pline[1] à mon aduis a imité ce propos d’Aristote, parlant de ce poisson, disant, qu’elle se cache en la mer pour quelque temps, mais passant outre a defini ce temps estre sur les excessiues chaleurs, pour ce qu’elle ne pouuoit endurer chaleur si grande. Et voluntiers l’eusse representé par figure, si i’eusses eu le temps et l’opportunité remettant à autre fois. Il s’en trouue de grandes, comme grands saulmons, les autres plus petites. Description de la Dorade. Depuis la teste iusques à la queue elle porte une creste, et toute ceste partie colorée côme de fin azur, tellement qu’il est impossible d’excogiter couleur plus belle, ne plus dere. La partie inferieure est d’une couleur semblable à fin or de ducat : et voyla pourquoy elle a esté nômée Dorade, et par Aristote appellée en sa langue xpwofpuî, que les interpretes ont tourné Aurata. Elle vit de proye, comme tresbien le descrit Aristote, et est merueilleusement friande de ce poisson volant, qu’elle poursuit dedans l’eau, comme le chien poursuit le lieure à la campagne :

  1. Pline. H. N. ix. 25. Quidam sestus impatientia, mediis fervoribus, sexagenis diebus latent, ut glaucus, aselli, auratæ. Aristote. De animalibus. 1. 5. — iv. 10. — vi. 17. — viii. 2. 13. 15.