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dire, que porceau de mer, pour ce qu’il retire aucunement aux porcs terrestres : car il a semblable grouissement, et a le groin comme le bec d’une canne, et sus la teste certain conduit, par lequel il respire ainsi que la balene.

Les mattelots en prennent grand nombre auec certains engins de fer aguts par le bout, et cramponnez, et n’en mangent gueres la chair, ayans autre poisson meilleur : mais le foye en est fort bon et delicat, ressemblant au foye du porc terrestre. Quand il est pris ou approchant de la mort, il iette grands soupirs, ainsi que voyons faire noz porcs, quand on les seigne. La femelle n’en porte que deux à chacune fois. C’estoit dôc chose fort admirable du grand nombre de ces poissons, et du bruit tumultueux, qu’ils fesoyent en la mer, sans comparaison plus grand que nul torrent tombant d’une haute môtagne. Ce que aucuns estimeront par auenture fort estrange, et incroyable, mais ie l’asseure ainsi pour l’auoir veu. Bônites. Il s’en trouue, comme ie disois, de toutes couleurs, de rouge, comme ceux qu’ils appellent Bonnites : les autres azurez et dorez, plus reluisans que fin azur, côme sont Dorades : autres verdoyans, noirs, gris, et autres. Toutefois ie ne veux dire, que hors de la mer ils retiennent tousiours ces couleurs ainsi naïues. Fonteine qui représente le poisson de couleur d’or. Pline recite qu’en Espagne a une fontaine, dont le poisson porte couleur d’or, et dehors il a semblable couleur que l’autre. Ce que peut prouenir de la couleur de l’eau estant entre nostre œil et le poisson : tout ainsi qu’une vitre de couleur verte nous represente les choses de semblable couleur. Venons à la Dorade. Plusieurs tant anciens