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mesme raison que celle du pole opposite de laquelle on peut autant dire, comme auons dit du Septentrion, car il y a semblable raison des deux. Apres donc auoir congneu ceste regle et exemple, facilement lon entendra quelles parties de la terre sont habitables, et quelles non, selon l’opinion des Anciens. Pline[1] diminuant ce qu’est habité, escrit que ces cinq parties, qui sont nommées zones, en faut oster trois pour ce qu’elles ne sont habitables : lesquelles ont esté désignées par le pouce, petit doigt et celuy du milieu. Il oste pareillement ce que peut occuper la mer Oceane. Et en un autre lieu il escrit que la terre qui est dessoubs le zodiaque est seulement habitée. Les causes qu’ils alleguent pour lesquelles ces trois zones sont inhabitables est le froid vehement, qui pour la longue distance et absence d u soleil est en la région des deux poles : et la grande et excessiue chaleur qui est soubs la zone torride, pour la vicinité et continuelle presence du soleil[2]. Autant en afferment presque tous les theo-

  1. Pline. H. N. ii. 68. Circa duæ tantum zonae, inter exustan et rigentes, temperantur : exæque ipsa inter se non perviæ, propter incendium siderum. Ita terræ tres partes abstulit cælum : Oceani rapina in incerto est.
  2. Assurément Thevet a raison ; mais la croyance à l’antichtone ou continent opposé au nôtre fut longtemps considérée comme une fable. Voir Plutarque. De facie in orbe lunæ. § 7. Eusèbe de Césarée, s’étant hasardé dans son commentaire sur les psaumes à dire que la terre était ronde, se repentit bientôt de sa témérité et revint à l’opinion commune ; Virgile, évêque de Salzbourg, ayant commis l’imprudence d’exposer publiquement la théorie des Antipodes, fut dénoncé au pape Zacharie, et menacé d’excommunication s’il ne rétractait pas sa doctrine. Il le fit et rejeta