Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et non sans cause, car leur or est sans comparaison plus fin que celuy de Calicut, ne des Indes Ameriques. Il est par deça l’Equinoctial enuiron trois degrez et demy. Cania et Rhegiû fleuues. Il se trouue là une riuiere, qui prouient des montagnes du païs nommé Cania, et une autre plus petite nommée Rhegium : lesquelles portent tres bon poisson, au reste crocodiles dangereux, ainsi que le Nil et Senega, que l’on dit en prendre son origine. L’on voit le sable de ces fleuues resembler à or puluerisé, les gens du païs chassent aux crocodiles, et en mangent comme de venaison. Monstre marin de forme humaine. Ie ne veux oblier, qu’il me fut recité, auoir esté veu pres Castel de Mine, un môstre marin ayant forme d’home, que le flot avait laissé sur l’arene[1]. Et fut ouye semblablement la femelle en retournant auecques le flot, crier hautement, et se douloir pour l’absence du masle ; qui est chose digne de quelque admiration.

    le souvenir même se perdit de ces expéditions françaises à la côte d’Afrique. Draper (Description des cotes de Guinée. 1686.), D’Elbée (Journal de mon voyage aux îles dans la côte de Guinée. 1671), et surtout Villaut de Bellefonds (Relation des côtes d’Afrique. 1669) sont unanimes à reconnaître que de leur temps on retrouvait à Elmina et aux environs des preuves matérielles du séjour antérieur des Français dans la région.

  1. Landrin. (Monstres marins, dans la Bibliothèque des merveilles.) rapporte plusieurs faits analogues. Pline. H. N. ix. 4. : « Tiberio principi nuntiavit Olisiponensium legatio ob id missa, visum, auditumque in quodam specu concha canentem Tritonem… Et Divo Augusto legatus Galliae complures in littore apparere exanimes nereidas scripsit. Auctores habeo in equestri ordine splendentes visum ab his in Gaditario oceano marinum hominem toto corpore absoluta similitudine… » etc.