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faire long séiour[1], sans encourir maladie. Ce que aussi nous est aduenu, car plusieurs de nostre compagnée en moururent, les autres demeurerent long espace de temps fort malades, et à grâde difficulté se peurent sauuer : qui fut cause que n’y seiournasmes pas longuemêt. Maniguette, fruit fort requis entre les espiceries. Ie ne veux omettre, qu’en la Guinée, le fruit le plus frequent, et dont se chargent les nauires des païs estranges, est la Maniguette[2], tresbonne et fort requise sur toutes les autres espiceries : aussi les Portugais en font grande traffique.

Ce fruit vient parmy les champs de la forme d’un oignon, ce que volontiers nous eussions representé par figure pour le côtentemêt d’un chacun, si la commodité l’eut permis. Car nous nous sommes arrestez au plus necessaire. L’autre qui vient de Calicut et des Moluques n’est tant estimé de beaucoup. Ce peuple de Guinée traffique auec quelques autres Barbares voisins, d’or, et de sel d’une façon fort estrange. Il y a certains lieux ordonnez entre eux, où chacun de sa part porte sa marchandise, ceux de la Guinée le sel, et les autres l’or fondu en masse[3]. Et sans

  1. On sait que les Européens ne s’acclimatent pas dans ces régions. Presque tous ceux de nos marins qui résident au Gabon tombent malades. Nos négociants ne peuvent y séjourner.
  2. Nos navigateurs du XVe siècle donnaient à cette épice le nom de Malaguette. Voir Villaut de Bellefonds. Relation des costes d’Afrique. La côte de Guinée avait été nommée par nos négociants Dieppois la Coste de Malaguette.
  3. Ces transactions singulières étaient déjà en usage au temps d’Hérodote. Voir le chapitre cxci du livre iv, relatif au commerce des Carthaginois avec les peuples de l’intérieur de la Lybie. « Ils débarquent leur cargaison, la rangent sur la plage,