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cialement domestiques, se mutilent en ceste mesme Anthropophages partie, estimans estre chose impertinente de demeurer enuers leur saints et entiers, et le Roy estre offensé. La plus grand part de ce peuple est tout nud pour l’ardeur excessiue du soleil : aucuns couurent leurs parties honteuses de quelques peaux : les autres la moitié du corps, et les autres le corps entier. Meroë ville capitale d’Ethiopie, anciennemêt Saba. Meroë[1] est capitale ville d’Ethiopie, laquelle estoit anciennement appellee Saba, et depuis par Cambyses Meroë. Il y a diuersitè de religion. Aucuns sont idolatres, comme nous dirons cy apres : les autres adorent le Soleil leuant, mais ils dépitent l’Occident. Ce païs abonde en miracles, il nourrit vers l’Inde de tres grands animaux comme grands chiens, elephâs, rhinocerons d’admirable grandeur, dragons, basilics, et autres : d’auantage des arbres si hauts, qu’il n’y a flesche, ne arc, qui en puisse attaindre la sommité, et plusieurs autres choses admirables, comme aussi Pline[2] recite au liure dixseptiesme, chapitre second de son Histoire naturelle. Ils usent coustumierement de mil et orge, desquels aussi ils font quelque bruuage : et ont peu d’autres fruits et arbres, hormis quelques grands palmes. Ils ont quantité de pierres precieuses en aucun lieu plus qu’en l’autre. Il ne sera encores, ce me semble, hors de propos de dire ce peuple estre noir selon que la chaleur y est plus ou moins vehemente,

  1. Hérodote, ii. 29.
  2. Mauvaise indication de Thevet. Le vrai passage est au livre vii. § 2 : Arbores tantæ proceritatis traduntur, ut sagittis superjaci nequeant.