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s’absenter de son païs, comme en extreme desespoir, apres auoir entendu la conqueste de ces belles isles par ceux de son païs, delibera pour recreation s’y en aler. Portugais gueri de lepre. Doncques il se dressa au meilleur equipage, qu’il luy fut possible, c’est asçauoir de nauires, gens, et munitions, bestial en vie, principalemêt cheures, dont ils ont quantité : et finablement aborda en l’une de ces isles : où pour le degoust que luy causoit la maladie, ou pour estre rassasié de chair, de laquelle coustumierement il usoit en son païs, luy vint appetit de manger œufs de tortues, dont il fist ordinaire l’espace de deux ans, et de maniere qu’il fut gueri de sa lepre. Or ie demanderoys volontiers, si sa guerison doit estre donnée à la temperature de l’air, lequel il auoit changé, ou la viande. le croyrois à la verité, que l’un et l’autre ensemble en partie, en pourroyent estre cause. Antipathie de la tortûe auec la Salemâdre. Quant à la tortue, Pline[1] en parlant tant pour alimêt que pour medicament ne fait aucune mention qu’elle soit propre contre la lepre : toutesfois il dit qu’elle est vray antidote contre plusieurs venins, specialement de la Salemandre, par une antipathie, qui est entre elles deux, et mortelle inimitié.

Que si cest animant auoit quelque proprieté occulte et particuliere contre ce mal, ie m’en rapporte aux philosophes medecins. Et ainsi l’experience a donné à congnoistre la proprieté de plusieurs medicaments, de laquelle l’on ne peut dôner certaine

  1. Pline, H. N. xxxii. 14. Marinarum carnes admixtæ ranarum carnibus contra salamandras præclare auxiliantur. Neque est testudine aliud salamandre adversius.