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sera hors de propos de parler des tortues, que noz isles dessus nommées nourrissent en grande quantité, aussi bien que des cheures. Quatre especes de tortues. Or il s’en trouue quatre especes[1], terrestres, marines, la troisiesme viuant en eau douce, la quatriesme aux marests : lesquelles ie n’ay deliberé de deduire par menu, pour euiter prolixité, mais seulement celles qui se voyent aux riuages de la mer, qui enuironne noz isles.

Tortue marine. Ceste espece de tortue saillent de la mer sus le riuage au temps de son part, fait de ses ongles une fosse dedans le sablon, où ayant fait ses œufs (car elle est du nombre des ouiperes dont parle Aristote) les couure si bien qu’il est impossible de les voir ne les trouuer, iusques à ce que le flot de la mer venant les decouure : puis par la chaleur du Soleil, qui là est fort vehemente, le part s’engêdre et éclost, ainsi que la poule de son œuf, lequel consiste en grand nombre de tortues, de la grandeur de crabes (qui est une espece de poisson) que le flot retournant emmene en la mer. Entre ces tortues, il s’en trouue quelques unes de si merueilleuse grandeur, mesmes en ces endroits dont ie parle, que quatre hommes n’en peuuent arrester une : comme certainement i’ay veu,

  1. Les tortues sont encore très-nombreuses dans ces parages. Elles fréquentent surtout les plages basses des îles Orientales, Boavista et ilha do Sal. C’est aux mois de juin, de juillet et d’août qu’elles déposent leurs œufs dans le sable. La chasse s’en fait à cette dernière époque à la lueur des flambeaux. Elles donnent au commerce de l’écaille, une chair excellente et de la bonne huile à brûler.