auoir mesme source et origine que Senegua[1], et dé rfiesmes montagnes. Ce que n’est vraysemblable. Il est certain que la naissance du Nil est bien plus outre l’Equateur, car il vient des hautes montagnes de Bede[2], autrement nommées des anciens Geographes, môtagnes de la Lune, lesquelles font la separation de l’Afrique vieille à la nouuelle, côme les mots Pyrenées de la Fràce d’auec l’Espagne. Et sont ces montagnes situées en la Cyrenaique, qui est outre la ligne quinze degrés. La source de Senegua dôt nous parlons, procede de deux montagnes[3], l’une nommée Mandro, et l’autre Thala, distinctes des montagnes de Bed plus de mille lieues. Et par cecy l’on peut voir combien ont erré plusieurs pour n’en auoir faict là recherche, côme ont fait les modernes. Quant aux montagnes de la Lune[4], elles sont situées en l’Ethio-
- ↑ Sur cette confusion des deux fleuves par les anciens, on peut consulter l’intéressant mémoire de M. Berlioux, qui a pour titre : Doctrina Ptolemai ab injuria recentiorum vindicata, sive Nilus superior et Niger verus, hodiernus Echirren, ab antiquis explorati.
- ↑ Inutile de faire remarquer que les conjectures de Thevet sur les sources du Nil sont tout-à-fait hypothétiques. La science contemporaine n’a pas encore débrouillé ce mystère géographique.
- ↑ Le Sénégal est en effet formé par deux rivières principales la Baoulé et la Falemé, dont les sources sont fort éloignées l’une de l’autre. Il est difficile de déterminer la position des monts Mandra et Thala dont parle Thevet, puisqu’on ne connaît pas encore l’orographie exacte de ces Alpes africaines, et que les dénominations géographiques ont été singulièrement défigurées dans sa naïve description.
- ↑ Les montagnes de la Lune après avoir figuré sur les atlas. modernes jusqu’aux voyages de Speke, Baker, Livingston, etc.,