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CHAPITRE XII.

De la riuiere de Senegua.


Combien que ie ne me soys proposé en ce mien discours, ainsi que vray Geographe d’escrire les païs, villes, citez, fleuues, goufres, môtagnes, distâces, situatiôs, et autres choses appartenans à la Geographie, ne m’a semblé toutes fois estre hors de ma profession, d’escrire amplement quelques lieux les plus notables, selon qu’il venoit à propos, et comme ie les puis auoir veuz, tant pour le plaisir et contentement, qu’en ce faisant le bon et bien affectionné Lecteur pourra receuoir, que pareillement mes meilleurs amis : pour lesquels me semble ne pouuoir assez faire, en comparaison du bô vouloir et amitié qu’ils me portent : ioint que ie me suis persuadé, depuis le commencement de mon liure escrire entièrement la verité de ce que i’auray peu voir et congnoistre. Royaume de Senegua, appellé du nom du fleuve. Or ce fleuue entre autres choses tant fameux (duquel le païs et Royaume qu’il arrouse, a esté nommé Senegua : comme nostre mer Mediterranée acquiert diuers noms selon la diuersité des contrées où elle passe) est en Libye, venant au cap Verd, duquel nous auons parlé cy deuant : et depuis lequel iusques à la riuiere, le païs est fort plain,