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et excessiue chaleur. Le fruict de ces palmiers, sont petites dattes, aspres et aigres, tellement qu’il n’est facile d’en manger : neantmoins que le ius de l’arbre ne laisse à estre fort plaisant à boire : aussi en font estime entre eux, comme nous faisons des bons vins. Les Egyptiens anciennement[1], auant que mettre les corps morts en basme, les ayans preparez ainsi qu’estoit la coustume pour mieux les garder de putrefaction, les lauoyent trois ou quatre fois de ceste liqueur, puis les oignoient de Myrrhe, et cinnamome. Autre sorte de bruuage. Ce breuuage est en usage en plusieurs contrées de l’Ethiopie, par faute de meilleur vin. Quelques Mores semblablement font certaine autre boisson du fruit de quelque autre arbre, mais elle est fort aspre, comme verius, ou citre de cormes, auant qu’elles soyent meures. Pour euiter prolixité, ie laisseray plusieurs fruits et racines, dont usent les habitans de ce païs, en aliments et medicaments, qu’ils ont appris seulemêt par experience, de maniere qu’ils les sçauent bien accommoder en maladie. Car tout ainsi qu’ils euitent les delices et plusieurs voluptez, lesquelles nous sont par deça fort familieres, aussi sont ils plus robustes et dispos pour endurer les iniures externes, tant soyêt elles grandes : et au contraire nous autres, pour estre trop delicats, sommes offensez de peu de chose.

  1. Hérodote Liv. ii. § 86.