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et cheures, principalement des cuirs, et en ont en telle abondance que pour cent liures de fer, vous aurez une paire de bœufs, et des meilleurs. Isies pres du cap Verd, nô habitées. Les Portugais se vantêt auoir esté les premiers, qui ont mené en ce cap Verd, cheures, vaches, et toreaux, qui depuis auroyent ainsi multiplié. Aussi y auoir porté plàtes et semences diuerses, côme de riz, citrons, orenges. Quant au mil, il est natif du païs, et en bonne quantité. Aupres du promontoire Verd y a trois petites isles[1] prochaines de terre ferme, autres que celles que nous appellôs isles de cap Verd, dont nous parlerons cy apres, assez belles pour les beaux arbres qu’elles produisent : toutesfois elles ne sont habitées. Ceux qui sont là prochains y vont souuent pescher, dont ils rapportent du poisson en telle abondance, qu’ils en font de la farine, et en usent au lieu de pain, apres estre seiché, et mis en poudre. Arbre estrange. En l’une de ces isles se trouue un arbre, lequel porte fueilles semblables à celles de noz figuiers, le fruit est lôg de deux pieds ou enuirô, et gros en proportion, approchàt des grosses et lègues coucourdes de l’isle de Cypre. Aucuns mangent de ces fruits, comme nous. faisons de sucrins et melôs : et au dedâs de ce fruit est une graine faite à la semblàce d’un rougnon de heure, de la grosseur d’une febue. Quelques uns en nourrissent les singes, les autres en font colliers pour

  1. Près du cap Vert on ne peut citer que l’îlot de Gorée, mais il n’avait pas alors assez d’importance pour attirer l’attention de Thevet. Les îles dont il parle correspondent plutôt à l’archipel des Bissagots.