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portent chemises et robes de ville estoffe, qu'ils reçoiuent en traffiquant auec les Portugais. Le peuple est assez familier et humain enuers les estrangers. Avât que prendre leur repas, ils se lauent le corps et les membres : mais ils errent grandement en un autre endroit, car ils preparent tres mal et impurement leurs viâdes, aussi mangent-ils chairs et poissons pourris, et corrompus : car le poisson pour son humidité, la chair pour estre tendre et humide, est incontinent corrompue par la vehemente chaleur, ainsi que nous voyons par deça en esté : veu aussi que l'humidité est matiere de putrefaction, et la chaleur est comme cause efficiente. Leurs maisons et hebergemens sont de mesmes, tous rôds en maniere de colombier, couuerts de iôc marin, duquel aussi ils usent en lieu de lict, pour se reposer et dormir. Religion et mœurs des habitans du cap Verd. Quant à la religion, ils tiennent diuersité d'opinions assez estranges et contraires à la vraye religion[1]. Les uns adorent les idoles, les autres Mahomet, principalement au royaume de Gambre, estimans les uns, qu'il y a un Dieu auteur de toutes choses, et autres opiniôs non beaucoup dissemblables à celles des Turcs. Il y a aucuns entre eux, qui viuent plus austeremêt que les autres, portans à leur col un petit vaisseau fermé de tous costez,

    les Sénégalais sont surtout des cotonnades, et particulièrement la cotonnade bleue ou guinée.

  1. Ces indigènes, aujourd'hui comme au temps de Thevet, sont encore partagés entre le mahométisme et le fétichisme; mais il n'est que juste de constater les énormes progrès de la première de ces deux religions.