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CHAPITRE IX.

Du vin de Madere.


Nous auons dit combien le terrouér de Madere est propre et dispos à porter plusieurs especes de bôs fruits, maintenât faut parler du vin, lequel entre tous fruits pour l’usage et necessité de la vie humaine, ie ne sçay s’il merite le premier degré, pour le moins ie puis asseurer du second en excellence et perfectiô. Le vin et sucre pour une affinité de temperature, qu’ils ont ensemble, demandent aussi mesme disposition : quant à l’air et à la terre. Vin et sucre de Madere. Et tout ainsi que noz isles de Madere apportêt grande quantité de tresbon sucre, aussi apportent elles de bon vin[1], de quelque part que soyent venuz les plàts et marquotes. Les Espagnols m’ont affermé n’auoir esté apportez de Leuant, ne de Candie, combien que le vin en soit aussi bô, ou meilleur : ce que dôcques ne doit estre attribué à autre chose, sinon à

  1. Les variétés de vigne cultivées à Madère se réduisent à neuf : verdelho, negro, molle, bastardo, bual et tinta que l’on mêle ordinairement ensemble, cadel, babora et malvazion qui fournissent le malvoisie. La vigne est cultivée jusqu’à l’altitude de 634 mètres, mais mal cultivée, car la diminution de production n’a pas cessé de s’accroître surtout dans ces dernières années.