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païs estranger, au solagement et recreation d’un chacun. Ce païs est donc tresbeau, et autant fertile : tant de son naturel et situation (pour les belles montagnes accompagnées de bois, et fruits estrâges, lesquels nous n’auons par deça) que pour les fontaines et viues sources, dont la càpagne est arrosée, et garnie d’herbes et pasturages suffisamment, bestes sauuages de toutes sortes : aussi pour auoir diligêment enrichi le lieu de labourages. Gomme. Entre les arbres qui y sont, y a plusieurs qui iettent gommes, lesquelles ils ont appris auec le temps à biè appliquer à choses necessaires.

Espece de gaiac. Il se void là une espece de gaiac, mais pour ce qu’il n’a esté trouué si bon que celuy des Antilles, ils n’en tiennèt pas grand conte : peut estre aussi qu’ils n’entendent la maniere de le bien preparer et accômoder. Sang de dragon.Il y a aussi quelques arbres qui en certain têps de l’année iettent bonne gôme, qu’ils appellent Sang de dragô[1] : et pour la tirer hors percent l’arbre par le pied, d’une ouverture assez large et profonde. Cest arbre produit un fruict iaune de grosseur d’une cerize de ce païs, qui est fort propre à refrechir et desalterer, soit en neure ou autremèt. Cynabre de Dioscoride.Ce suc ou gôme n’est dissemblable au Cynabre dont écript Dioscoride. Quât au Cynabre, dit-il, on l’apporte de l’Afrique, et se vêd cher, et ne s’ê trouue assés pour satisfaire aux peintres : il est rouge et nô blafard, pourquoy aucuns

  1. Ce n’était pas à Madère mais surtout aux Canaries qu’on trouvait le dragonnier (Dracena draco). Les Guanches faisaient des boucliers de son bois. Son suc est fort recherché en pharmacie. Voir Pomet. Traité des drogues. — Magasin pittoresque. 1869. P. 185.