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que de soy il est assez difficile à cuire et à digerer : mais quàd l’estomach est dispos, non debilité d’excessiue crapule, non seulement il pourra digerer le fourmage, fust-il de Milan, ou de Bethune, mais encores chose plus dure à un besoing. Retournons à nostre propos : ce n’est à un Cosmographe de disputer si auant de la medicine. Diuers nourrissements de diuers peuples. Nous voyons les sauuages aux Indes viure sept ou huict moys à la guerre, de farine faicte de certaines racines seiches et dures, ausquelles on iugeroit n’y auoir nourrissement ou aucune substance. Les habitans de Crete et Cypre ne viuent presque d’autre chose que de laictages, qui sont meilleurs que de noz Canaries, pour ce qu’ils sont de vaches, et les autres de cheures. le ne me veux arrester au laict de vache, qui est plus gros et plus gras que d’autres animaux, et de cheure est mediocre. Le laict tresbon nourrissement. Dauantage que le laict est un tresbon nourrissemêt, qui promptement est conuerti en sang pour ce que ce n’est que sang blanchi en la mamelle. Pline[1] au liure II, chap. 42, recite que Zoroastes a vescu ving ans au desert seulement de fourmages. Les Pamphiliens en guerre n’auoyêt presque autres viures, que fourmages d’asnesses et de chameaux. Ce que i’ay veu faire semblablemêt aux Arabes[2] : et nô seulemêt boyuêt laict au lieu d’eau passans les

  1. L’indication de Thevet est fausse. Voici le passage du § 97. Liv. xi, de l’Histoire naturelle de Pline : « Tradunt Zoroastrem in desertis caseo vixisse annis viginti, ita temperato, ut vetustatem non sentiret. »
  2. Ne pas oublier que Thevet avait voyagé en Orient de 1537 à 1554.