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toiture en auvent ; il voyait déjà sa mignonne Gertrude accoudée à la balustrade et lui souriant à travers les brins fleuris des plantes grimpantes— et lui-même souriait à son rêve, sans s’apercevoir que la nuit était venue et que les étoiles fourmillaient dans le ciel.

Mais ses pensées n’étaient pas toujours aussi paisibles ni aussi joyeuses. Il avait aussi des heures moroses et découragées. Ce fut surtout à la fin de l’automne, pendant les longues soirées et les jours brumeux, que la mélancolie se mit à hanter l’atelier. Le vent de l’arrière-saison commença à pleurer dans les ramées, les pluies monotones grossirent la voix du ruisseau, les feuilles jaunies tourbillonnaient sous les fenêtres de l’atelier, et Xavier se sentit envahi par la bande des pensées maussades et soupçonneuses. Puis, comme un malheur n’arrive jamais seul, un jour qu’il revenait de Sainte-Menehould, il monta jusqu’aux Islettes dans le cabriolet du courrier de B… Au moment où il mettait pied à terre, le conducteur lui dit :

— N’avez-vous pas de commission pour mademoiselle Gertrude ? et comme il voyait la figure de Xavier s’animer : — Ah ! continua-t-il, sans flatterie, c’est bien la plus avenante et la plus jolie fille de B…, les garçons de là-bas