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la maison de Lachalade, pour se livrer tout entier à son travail.— Madame de Mauprié avait vivement combattu la résolution de son fils cadet ; elle voyait avec peine un de ses enfants devenir « une sorte de menuisier. » Mais le jeune homme avait tenu bon, et comme, au demeurant, il trouvait de l’argent ailleurs que dans le coffre de la famille, on avait fini par le laisser faire ; — seulement, ses relations avec ses sœurs et sa mère étaient maintenant moins fréquentes et plus froides.

Ce refroidissement lui eût été pénible autrefois ; en ce moment, son esprit et son cœur étaient trop occupés pour en éprouver une grande souffrance. Il emportait avec lui, dans sa solitude, un trésor de pensées et de souvenirs consolants. L’amour de Gertrude lui faisait une compagnie toujours fidèle et toujours joyeuse. Il lui tenait lieu de tout : de parents et d’amis, de plaisirs et de bien-être. C’était un foyer toujours réchauffant et toujours illuminé ; un retrait intime et voilé, tout plein de fleurs printanières, d’où sortaient les rêves de la nuit et les premiers sourires des heures matinales ; — c’était son enchantement et son seul luxe, son soutien dans les jours de doute, son bon génie dans les moments d’inspiration. Au dedans et