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— Tu es jalouse d’elle ?…

Pour toute réponse, Gertrude couvrit de nouveau sa figure de ses mains.

— Jalouse ! s’écria Xavier tout joyeux… Mais alors tu m’aimes donc, toi, Gertrude ?…

En même temps, il se rapprocha d’elle, écarta doucement ses mains humides, les prit dans les siennes et se mit à les baiser avec mille protestations passionnées. La glace était enfin brisée ; tout son amour lui montait aux lèvres. Il révéla à Gertrude les trésors de tendresse qu’il tenait depuis si longtemps enfouis au fond de son âme. Il était devenu éloquent : il lui contait ses songes d’autrefois, il lui avouait qu’elle avait été son inspiratrice, sa bonne fée, sa seule espérance. C’était pour elle qu’il avait rompu avec l’oisiveté, pour elle qu’il avait travaillé, pour elle qu’il rêvait parfois de fortune et de renommée… Gertrude, ranimée et consolée, l’écoutait en souriant à travers ses dernières larmes. Elle ne fut tout à fait rassurée, cependant, que lorsqu’il lui eut promis de quitter B… sans reparler à Héloïse.— Quand vint le soir, le petit bouquet d’anémones reçut encore une rosée de larmes, mais, cette fois, ce furent des larmes de joie.

Huit jours après, Xavier quitta la ville haute, et Gertrude