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ceux de Xavier. Elle souriait toujours, — un peu plus tristement parfois, — et c’était tout. Mais le soir, dès qu’elle était rentrée dans sa chambre, ses yeux s’emplissaient de larmes et le petit bouquet d’anémones, seul confident de ses douleurs, était tout humide lorsqu’elle le replaçait au fond du coffret.

Cependant, Héloïse continuait ses coquetteries et les semaines passaient. On était arrivé aux premiers jours de juillet, le séjour de Xavier à B… touchait à sa fin. Ce moment de la saison a une importance extraordinaire à B… C’est l’époque de la confection de ces fameuses confitures auxquelles cette bonne petite ville bourgeoise doit, hélas ! sa seule célébrité. L’atelier des demoiselles Pêche s’était transformé ; les chapeaux et les rubans avaient été mis de côté, et des paniers de groseilles rouges et blanches s’étalaient à la place où se dressaient auparavant les cartons et les têtes à bonnets. Autour de la table ronde, les apprenties, munies de fins ciseaux, détachaient de la grappe les baies une par une, pour les livrer ensuite aux épépineuses ; celles-ci, à l’aide d’une plume au bec arrondi, enlevaient délicatement les pépins sans endommager la pulpe. Dans la cour et dans la cuisine, les demoiselles Pêche, revêtues