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commode de supposer qu’elle s’était trompée, et que sans doute mademoiselle de Mauprié n’avait aucun goût pour son cousin. De là à tenter la conquête du cœur de Xavier, il n’y avait qu’un pas et elle l’eut bientôt fait. Fière d’avoir attiré l’attention du jeune sculpteur, elle avait sans cesse le nom de Mauprié à la bouche, et comme son imagination allait vite en besogne, elle se voyait déjà en robe de mariée, au bras d’un gentilhomme, et appelée par toutes ses amies— madame de Mauprié !

Xavier, lui, ne se doutait de rien. Il continuait à aimer silencieusement Gertrude sans s’apercevoir de la blessure de jour en jour plus profonde qui se creusait au cœur de sa cousine. Gertrude avait vu d’abord avec étonnement, puis avec tristesse, la familiarité qui s’était établie entre Xavier et la grande Héloïse. Elle avait peine à croire qu’avec sa réserve et sa sauvagerie, son cousin se fût si facilement laissé prendre aux grâces un peu vulgaires de la grisette ; mais elle se sentait devenir jalouse, et la jalousie ne raisonne pas. Elle souffrait : seulement, comme elle était fière à l’excès, elle se serait plutôt laissée mourir à petit feu, que de montrer sa souffrance. Elle prenait mille soins pour la dérober à tous les yeux et surtout à