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néfliers et d’épines roses ; on y voyait une maisonnette au toit de chaume et une tonnelle de vigne vierge, un chambret, comme on dit dans le Barrois. Gertrude aimait ce petit coin de verdure, baigné d’eau courante. Comme on se trouvait au printemps, les narcisses jaunes et les jacinthes commençaient à s’épanouir et les néfliers étaient en fleurs. Sous ces arbres, il lui semblait qu’elle pensait mieux à Lachalade et à l’Argonne, elle mettait là tous ses rêves, et le bruit de l’eau les berçait. De temps en temps un merle sifflait dans le fourré, un carillon tintait au loin, ou le vent apportait par bouffées les airs sautillants d’un bal champêtre du voisinage, — et Gertrude sentait en elle de mystérieuses espérances palpiter comme des papillons qui essayent leurs ailes.

Un soir, comme elle revenait du jardin avec Héloïse et mademoiselle Célénie, elle aperçut mademoiselle Hortense sur le seuil du magasin.

— Il y a quelqu’un qui vous attend avec impatience, dit celle-ci à Gertrude ; en même temps elle entr’ouvrit la porte et lui montra Xavier près du comptoir. L’orpheline poussa une exclamation joyeuse et tendit les deux mains à son cousin, pendant que la grande Héloïse examinait