Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/78

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans sa chambrette haut perchée. Son premier soin fut de prendre le coffret de Xavier et de le contempler longuement. Il avait la forme d’un fragment de grès enveloppé de mousses, de ronces et de fougères : çà et là, dans le fouillis des herbes et des feuilles, quelques insectes avaient été sculptés, et cela avait été exécuté avec une légèreté et une sincérité qui faisaient illusion ; on eût dit que les scarabées allaient bourdonner et les fougères frissonner au vent. Gertrude ouvrit le coffret et prit les anémones qu’elle y avait enfermées ; le bouquet flétri avait conservé son odeur forestière, et la jeune fille se sentit de nouveau transportée dans les bois de l’Argonne. Elle s’endormit en pensant à Xavier et au petit atelier de Lachalade.

Le lendemain, quand elle s’éveilla vers six heures et qu’elle se pencha à l’étroite fenêtre pour jeter un coup d’œil sur la ville, elle fut un peu réconfortée par la vue qu’on avait de sa mansarde.— En bas, la rue Entre-Deux-Ponts encore endormie ; puis un fouillis de toitures aux profils curieux et, au-dessus, la ville haute avec ses maisons et ses vergers en amphithéâtre. Sur la crête de la colline, la vieille tour de l’horloge se dressait, coiffée de son toit pointu ; un long couvent étalait ses rangées de fenêtres étincelantes ;