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— Vous voulez de la besogne, Mademoiselle, commença-t-elle avec dignité, dites-moi d’abord ce que vous savez faire…

— Peu de chose ; répondit Gertrude en souriant, mais j’ai de la bonne volonté, et avec vos conseils… En même temps elle regarda Héloïse et son regard à la fois si doux et si profond, son regard et le son de sa voix opérèrent comme un charme. Héloïse se sentit gagnée et amollie ; elle quitta son grand air et donna d’assez bonne grâce ses instructions à la débutante.

A midi, quand sonna la cloche de la Tour de l’horloge, les ouvrières s’en allèrent dîner, et dès qu’elles furent dehors, leur conversation roula sur Gertrude. Toutes les fillettes regardaient Héloïse et attendaient qu’elle donnât son avis ; mais l’imposante première se bornait à écouter silencieusement. A la fin, une apprentie ayant vanté les beaux yeux de la nouvelle venue, Héloïse plissa les lèvres d’un air dédaigneux :

— Oh ! fit-elle, des yeux verts comme les chats… Signe de trahison ! — Ce fut tout ce qu’on put tirer d’elle.

La journée se passa tranquillement. Le soir, à la cloche de huit heures, après avoir soupé avec les demoiselles Pêche, Gertrude monta