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arrivante qui saluait, souriait et rougissait à la fois. Bientôt leurs regards témoignèrent une admiration qui déplut fort à la grande Héloïse. La première ouvrière n’avait pu charitablement s’empêcher de rêver une Gertrude gauche, revêche et guindée. Celle qui arrivait était tout le contraire ; en outre, elle avait de magnifiques cheveux blonds et le plus joli teint du monde.— Ce sont là de ces déceptions qu’une femme supporte généralement assez mal, et la grande Héloïse ne se piquait pas de stoïcisme.

Mademoiselle Hortense baisa doucement Gertrude au front et lui souhaita la bienvenue, puis, comme la jeune fille manifestait le désir de commencer à se rendre utile :

— Tenez, dit mademoiselle Pêche, allez trouver mademoiselle Héloïse ; elle vous mettra au courant de la besogne.

Les grands yeux de Gertrude parcoururent l’atelier.

— Là, près de la vitre, prenez un tabouret ! lui cria la grosse voix de mademoiselle Célénie, et en même temps, avec son aune, la sœur cadette désignait l’estrade d’Héloïse. Celle-ci, piquée de ce que Gertrude n’avait pas deviné du premier coup qui elle était et ce qu’elle valait, prit son air le plus imposant.