Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/74

Cette page n’a pas encore été corrigée

abeilles et courageuses comme des fourmis ; chacun les estimait, et Gertrude ne pouvait tomber en de meilleures mains.

Ce matin-là mademoiselle Célénie était plus agitée que jamais.

— C’est aujourd’hui que doit arriver la nouvelle ouvrière, dit-elle à sa sœur ; puis, s’appuyant sur son aune comme sur une canne : — J’espère, Mesdemoiselles, que vous n’allez pas prendre vos grands airs, et que vous vous montrerez bonnes et serviables… Où la caserons-nous, Hortense ?

— Je crois, répondit l’aînée, qu’on pourrait lui faire une petite place à côté d’Héloïse, près de la fenêtre…

La grande Héloïse releva vivement la tête :

— Près de ma fenêtre, fit-elle d’un air piqué, et pourquoi donc pas à la table ronde ? Cette demoiselle est une apprentie, après tout !…

— Nous devons des égards à sa famille, reprit tranquillement mademoiselle Hortense.

— Oui, elle est noble ! répliqua Héloïse en pinçant dédaigneusement les lèvres. Puis, après un moment de réflexion, elle ajouta : — C’est drôle tout de même qu’une demoiselle dans sa position soit obligée de travailler pour vivre…

— Elle est orpheline, dit mademoiselle Hortense,