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était grande, robuste et taillée comme un homme ; sa taille plate, sa voix mâle et toujours grondante, ses bras osseux et ses grosses mains rouges ajoutaient encore à l’illusion ; mais elle était bonne fille, oubliait vite ses colères et n’aurait pas fait de mal à une mouche. La nature, qui avait si maltraité les deux sœurs au point de vue plastique, leur avait donné, par une juste compensation, un goût sûr et des doigts de fée. Les chapeaux montés par mademoiselle Hortense, les robes coupées par mademoiselle Célénie étaient renommées à dix lieues à la ronde, et les demoiselle Pêche avaient la plus belle clientèle de l’arrondissement. Très pieuses, en dépit des rubans et des toilettes de bal, elles s’efforçaient de se faire pardonner leurs occupations mondaines en prodiguant des soins assidus à la congrégation du Rosaire, dont elles étaient directrices. Mademoiselle Hortense réservait pour la chapelle de la Vierge du Pont ses plus belles fleurs artificielles, et de ces mêmes mains qui avaient trop largement échancré un corsage de bal, mademoiselle Célénie, les jours de Fête-Dieu, portait fièrement en tête du cortège la lourde bannière de la congrégation.— En résumé, c’étaient de braves filles, actives comme des