Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/59

Cette page n’a pas encore été corrigée


Elle se hâta d’accourir et questionna ses cousines sur Xavier, Reine haussa les épaules et répondit négligemment :

— Il court les bois, sans doute.

Gertrude sentit des larmes lui monter aux yeux. Elle était habituée aux façons bizarres de son cousin, mais cette absence dans un pareil moment lui semblait impardonnable.— On avait chargé son bagage à dos de mulet. La veuve n’eut pas un moment d’expansion, et son baiser fut aussi froid que d’habitude.

— Au revoir, ma nièce, fit-elle solennellement…, que Dieu vous garde !

Gertrude embrassa ses deux cousines.

— Nous t’écrirons là-bas et tu nous enverras des chapeaux ! lui dit Reine.

Ce fut la seule marque d’intérêt que Gertrude emporta de la maison de sa tante…

Dans la chambre haute de l’Abbatiale, le vieil oncle Renaudin était resté tout absorbé par les souvenirs que la visite de sa nièce avait réveillés. Il s’était rassis dans son fauteuil et demeurait immobile, les coudes sur les genoux et le front dans les mains. La belle flambée allumée en l’honneur de Gertrude s’était éteinte et l’âtre ne contenait plus que des cendres grises ; mais dans les corridors de la vieille maison