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— Je veux y apprendre le métier de modiste.

M. Renaudin tressaillit et murmura en se parlant à lui-même : « Modiste… à B… ? Il y a des ressemblances singulières ! »

Et comme si cette réflexion l’avait replongé dans de profondes méditations, il tourna la tête du côté de la cheminée. La flamme dansait sur les chenets en formant mille fantastiques images, et au dehors la bise se lamentait toujours. Était-ce la plainte du vent qui réveillait de vieux souvenirs, ou bien le vieillard revoyait-il dans les arabesques de la flamme les fuyantes apparitions d’une époque lointaine ?… Il étendait ses mains vers le brasier, puis il les passait sur son front comme pour réchauffer sa mémoire engourdie. Sa figure s’était attendrie et ses yeux étaient devenus humides.

— Tu auras grand froid sur la route, ma pauvre enfant ! reprit-il tout à coup… Aie soin de bien te couvrir ! En vérité, il y a des ressemblances singulières !… En te regardant et en entendant la bise de mars, il me semble revoir une pauvre enfant comme toi, qui s’en allait seule aussi dans la froidure et le vent… Écoute, dit-il en s’animant, laisse-moi te donner un conseil… Quand tu seras là-bas, à la ville, veille bien sur ton cœur ! A ton âge, on ne demande qu’à