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en songeant à toutes ces choses que, vers midi, Gertrude prit le chemin de la maison de son oncle.

Cette maison était une ancienne dépendance de l’abbaye de Lachalade, et on l’appelait encore l’Abbatiale. Elle était bâtie un peu en dehors du village, sur une éminence d’où l’on dominait la vallée de la Biesme, et elle comprenait, outre les bâtiments d’habitation, un grand jardin abandonné dont les murs croulants ne finissaient qu’à la lisière de la forêt. Le chemin qui allait du village à l’Abbatiale était bordé de peupliers mélancoliques et aboutissait à un grand mur triste dans lequel était pratiquée une porte cintrée, prudemment munie d’un guichet. C’est devant cette porte que Gertrude s’arrêta pour respirer, car son cœur battait fort et elle se sentait tout oppressée. Au bout de quelques minutes elle agita la chaîne rouillée de la sonnette. Un tintement plaintif réveilla l’écho de la cour sonore, un aboiement lointain y répondit, mais personne ne se montra. Enfin un bruit de sabots résonna dans la cour, puis une clef grinça dans la serrure et la porte s’entre-bâilla.

— Bonjour, Fanchette ; puis-je voir mon oncle ? demanda Gertrude à une vieille servante qui l’examinait d’un air revêche.