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— Reine est trop bien née pour songer à devenir une fille de boutique, dit la veuve ; elle n’oubliera jamais qu’elle est une Mauprié….

A ces mots Gertrude sentit le rouge lui monter au front. Elle fit quelques pas vers sa tante ; ses yeux étincelaient et ses narines frémissaient.

— Madame, s’écria-t-elle d’une voix vibrante, c’est vous qui oubliez étrangement l’histoire de notre famille…. Vous parlez des Mauprié ! Lorsque mes ancêtres vinrent en Argonne, ils étaient pauvres et ne crurent pas déroger en soufflant le verre…. J’entends agir comme eux et ne pense pas déchoir !…

Il y eut de nouveau un grand silence dans la salle. Gaspard regardait sa cousine d’un air ébaubi, et lorsqu’on se mit à table, Xavier serra fortement la main de Gertrude. Le souper fut maussade ; Gertrude ne mangeait pas, Xavier était pensif et les autres ne disaient mot.

Lorsqu’on eut fini, madame de Mauprié retint légèrement par le bras sa nièce qui se disposait à se retirer.

— Quand comptez-vous nous quitter ? lui demanda-t-elle.

— Je dois être au magasin le 1er mars, répondit la jeune fille, et je voudrais partir au moins la veille.