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— Je le sais, répondit-elle avec amertume… Puis comme elle craignait de l’avoir blessé, elle lui prit la main et la serra.

— Merci, dit-elle, ami Xavier ! Garde-moi le secret jusqu’à nouvel ordre.

Elle avait les larmes aux yeux, et lui, se sentait le cœur serré par une douleur poignante.

— Gertrude, s’écria-t-il, ne t’en va pas !

— Il le faut, mon ami.

— Gertrude ! répéta-t-il encore en lui secouant la main, et en même temps mille pensées confuses lui montaient aux lèvres. Ses yeux regardaient sa cousine avec une expression touchante. Si ces grands yeux sombres avaient pu parler, ils auraient dit : « Par pitié, ne t’en va pas, sois patiente et appuie-toi sur mon bras !… » Mais les yeux se contentaient de lancer des regards navrants, et Xavier n’osait pas révéler tout ce qu’il avait dans le cœur. D’ailleurs son propre avenir était si obscur ! Le secours qu’il aurait pu offrir était beaucoup si on l’aimait, peu de chose s’il n’était pas aimé. Qui pouvait savoir si Gertrude l’aimait autrement que comme un compagnon d’enfance ?… Si elle l’avait aimé plus sérieusement, aurait-elle songé à partir ?…

Il refoula en lui les mots prêts à jaillir.