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Gertrude, et j’avais hésité jusqu’à hier soir, mais ce matin mon parti est pris. Je suis courageuse, je travaillerai. Voilà un an que je vais coudre chez la modiste du village ; c’est une bonne fille qui m’a appris ce qu’elle sait et qui s’est déjà occupée de me chercher une place à la ville.

— Elle l’a trouvée ? demanda-t-il avec anxiété.

— Oui, et c’est pourquoi je me suis décidée à te parler ce matin avant que tu ne partes pour les Islettes… Voici une lettre que je te prie de mettre à la poste là-bas.

Xavier demeurait silencieux. Ses yeux sombres avaient pris une expression d’angoisse passionnée. Il contemplait tristement Gertrude, qui s’était approchée du poêle et tendait vers la plaque de fonte ses petites mains glacées.

— Dans trois jours, reprit-elle, quand tu retourneras aux Islettes, il faudra que tu aies la complaisance de passer de nouveau au bureau de poste. La maîtresse du magasin où je désire travailler doit répondre à cette lettre poste restante, et tu me rapporteras sa réponse.

— Je ferai ce que tu demandes, dit-il en soupirant profondément ; mais songes-y bien encore, Gertrude… La vie est dure chez les autres !