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— Que veux-tu dire, Gertrude, et qu’y a-t-il de nouveau ?

— Je ne puis plus supporter la vie que je mène, Xavier, je ne le puis plus !… Je sens chaque jour davantage combien je suis ici à charge à tout le monde.

— A tout le monde ?… interrompit Xavier en la regardant d’un air de reproche.

— Non, pas à toi ! s’écria-t-elle en se rapprochant de lui, tu as toujours été bon pour moi, cousin Xavier. Mais les autres !… Tu as entendu Gaspard, hier, et tu sais qu’il m’a prise en aversion… Mes cousines sont méchantes avec moi et ma tante ne m’aime pas. Je fais pourtant ce que je puis pour qu’on m’aime, et je n’y réussis pas ! Je sens que je leur pèse. Je ne suis qu’une enfant, mais j’ai de l’orgueil, moi aussi, et je souffre… Je veux partir.

— Partir !… Xavier laissa tomber son ciseau et demeura muet. Il regardait sa cousine sans pouvoir parler, et ses mains étaient toutes tremblantes. Pour lui, Gertrude était la seule joie de la maison, le seul point lumineux dans la vie grise et terne de tous les jours.— Partir ! reprit-il enfin d’une voix sourde, seule ! à ton âge !… Y penses-tu ?

— Il y a longtemps que j’y pense, poursuivit