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beaux yeux noirs, enfoncés dans l’orbite, avaient parfois l’air de regarder en dedans. Il ne portait pas sa barbe, et l’expression fine, un peu triste, de sa bouche ressortait mieux encore sur son visage soigneusement rasé. Les flammes sombres de ses yeux creux et la ligne rouge de ses lèvres tranchaient vivement sur la pâleur olivâtre de son teint, et donnaient un caractère saisissant à sa figure encadrée de longs cheveux noirs.

Il tressaillit tout à coup en entendant crier le sable de l’allée ; un frôlement de jupe et un léger bruit de pas annonçaient l’arrivée de Gertrude. Il courut ouvrir à sa cousine et l’amena jusqu’auprès de l’établi où un petit poêle ronflait joyeusement.

— Je t’ai fait un bon feu, lui dit-il, assieds-toi là et chauffe tes pieds… L’air est humide ce matin.— Tout en tourmentant un morceau de bois avec son ciseau, il la regardait d’un air embarrassé, Gertrude était restée debout près de l’établi. Ses lèvres étaient serrées, ses regards sérieux, et elle pressait nerveusement contre sa poitrine les pointes de sa fanchon.

— Comme tu es pâle ! s’écria Xavier.

— Je n’ai pas dormi, répondit-elle ; j’ai pensé toute la nuit à une chose à laquelle je me suis décidée.