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s’écria-t-elle.— Elle repoussa Bernard dans la salle et ajouta d’une voix sourde : — Assez de violence, mon parti est pris… Je resterai.

Puis elle retourna vers Gérard qu’elle entraîna dans la cour.— Vous le voyez, murmura-t-elle, je dois vivre ici jusqu’au bout.

Le jeune homme ne voulait rien entendre.— Non, reprenait-il avec force, laissez-moi vous venger de ce misérable !

— Tout plutôt que cela ! dit rapidement Véronique, vous ne devez pas le tuer et il ne faut pas qu’il vous tue… Songez à votre mère.

Ils demeurèrent un moment silencieux en face l’un de l’autre. Le jour baissait, au delà du mur de la cour le soleil se couchait, rouge, derrière la forêt, et l’on voyait se dessiner en noir sur le ciel les talus de sable du taillis et les arbres de bordure dominant la cour.

— Adieu, reprit-elle, mon souvenir vous suivra, et c’est le meilleur de moi-même.

— Non, il est impossible que vous retourniez dans cet enfer ! protesta Gérard.

— La vie est courte, soupira-t-elle d’un ton résigné, rentrez au Doyenné et dites à votre mère que j’ai fait mon devoir.

On entendait le verrier piétiner et s’impatienter