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amoureux de la forêt.— Les arbres aux attitudes majestueuses, les terrains mouvementés, la riche coloration des bruyères roses ou des fougères dorées par l’automne ; le monde toujours bruissant, gazouillant ou bondissant des insectes, des oiseaux et des fauves, tout cela le charmait et le passionnait. La fée des bois l’avait touché de sa baguette de coudrier ; elle l’avait ramené, séduit et asservi sous les voûtes verdoyantes de la forêt enchantée. Il y passait des journées entières à dessiner. Il avait fait connaissance avec les charbonniers et les sabotiers de la Gorge-aux-Couleuvres, et ces silvains demi-sauvages, tout possédés de l’esprit forestier, l’avaient initié aux mystères des bois. Le soir, au long des fournaises flamboyantes, le maître charbonnier lui avait appris le nom de toutes les essences d’arbres, le chant de toutes les espèces d’oiseaux, et c’était en voyant le sabotier de la Poirière tailler le hêtre et le bouleau, qu’une préoccupation nouvelle avait agité son esprit.

De l’admiration des belles choses au désir de les reproduire, la distance est courte. Xavier s’était tout à coup senti travaillé par ce besoin de création qui fait le tourment et la joie des organisations artistiques. Après s’être longtemps