Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/358

Cette page n’a pas encore été corrigée

selon vous, ces raisons-là suffisent pour que vous emmeniez ma femme !… Ah ça, et le Code civil, qu’en faites-vous, s’il vous plaît ?

— La loi elle-même, repartit Gérard, est contre vous, puisqu’elle a prononcé votre séparation ; mais il y a une loi qui est au-dessus des conventions et des formules, c’est la loi de la conscience, et elle me donne raison.

— Eh ! que m’importe votre conscience ? interrompit le verrier, je m’en soucie comme d’une prunelle !… et la société est de mon avis… Aux yeux du monde, le Code a gardé un certain prestige, et le Code défend à celle qui a été ma femme d’avoir un autre protecteur que moi.

Gérard voulut se récrier, mais Bernard lui coupa la parole.— Mordieu ! poursuivit-il, prenez patience, nous causerons tous deux tout à l’heure… Pour le moment, c’est à elle que je veux parler… Oui, s’écria-t-il avec véhémence en s’adressant à Véronique, le mariage est une chaîne qui ne se brise qu’à la mort. Vous auriez beau fuir au bout du monde avec ce jeune fou, mon souvenir se dresserait entre vous deux comme une menace, pour lui rappeler que vous avez été ma femme, et pour vous crier à vous que vous l’êtes encore, car vous portez mon nom