Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/354

Cette page n’a pas encore été corrigée

elle en se rejetant en arrière, non, je ne puis pas !

— Ah ! s’écria-t-il avec un éclat de rire amer, je l’oubliais, vous en aimez un autre ! — Il se mit à arpenter la salle et à se répandre en sarcasmes.— Un autre ! murmura-t-il entre ses dents, un beau fils aux jolies manières… Aussi pourquoi me suis-je avisé de donner mon nom à la fille d’un sacré-mâtin ? Au lieu d’épouser une bourgeoise, j’aurais dû prendre une fille des rues qui n’aurait pas fait la prude et m’aurait aimé à ma façon ! — Il revint à elle, les yeux allumés et le cerveau déjà entrepris par l’alcool et la colère.— Vous ne pouvez pas ?… C’est bientôt dit, mais moi je prétends être aimé. Vous êtes ma femme et j’ai la loi pour moi… Vous m’appartiendrez de gré ou de force !

— Vous ne ferez pas cela, s’exclama Véronique en essayant encore de l’arrêter du regard ; vous… un gentilhomme !

Il recommença son ricanement familier.— Je suis un verrier, et vous savez ce que l’on dit de nous ! — Il se plaça entre Véronique et la porte.— Nous sommes seuls, reprit-il en s’avançant vers elle, tu es ma femme, et je te veux !…

Véronique voulut se sauver dans la cour, mais il lui barra le passage et lui saisit les deux