Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/352

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais j’ai le coffre solide ! s’écria-t-il en se frappant la poitrine.

Elle le regarda avec mépris et répondit : — Si j’avais pensé à ce que vous dites, est-ce que je serais venue ici ?… Avez-vous déjà oublié dans quel état je vous ai trouvé ?

— Non, certes ! balbutia le verrier troublé… Je voulais dire que je puis vivre encore longtemps, et que nous sommes dans un pays où le divorce n’est pas permis…. Qu’espérez-vous donc ?

— Rien… Je fais mon devoir ; ne me le rendez pas trop pénible !

Elle était superbe de fierté dédaigneuse. Ses grands yeux d’émeraude regardaient du Tremble de haut et d’un air de menace. Le verrier était de ces gens qui s’enhardissent devant les faibles et rampent devant les forts. Il s’attendait à de l’embarras ou à des pleurs, et il se sentait rapetissé en face de cette nature énergique qu’il s’était vanté de terrasser. En même temps que l’énergie de sa femme lui imposait, l’expression passionnée des yeux de Véronique exerçait sur lui une magnétique influence. Il murmura quelques phrases incohérentes, grogna sourdement, et alla se rasseoir en face de son verre, qu’il se hâta de remplir et de vider rageusement.