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tait des plus pénibles. Sa nature expansive et affectueuse était sans cesse refoulée et froissée, tantôt par la rudesse de Gaspard ou les méchancetés de Reine et d’Honorine, tantôt par les glaciales rebuffades de la veuve. Un seul membre de la famille, Xavier, lui avait toujours montré de la sympathie.

Xavier de Mauprié venait d’entrer dans sa vingt-troisième année. Il avait été élevé jusqu’à dix-huit ans au petit séminaire de Verdun, et sa première impression, à son retour au logis, fut la vue de cette charmante cousine de quatorze ans qui lui sauta au cou le plus gentiment du monde. Madame de Mauprié avait eu l’espoir qu’il entrerait dans les ordres ; mais la vocation ne venant pas, Xavier s’en retourna à Lachalade sans avoir une idée arrêtée au sujet d’une carrière quelconque. La famille était trop pauvre pour le pousser dans un emploi public, sa mère n’eût jamais consenti à faire de lui un commerçant ; d’ajournements en ajournements, il resta à Lachalade, menant une vie dont l’inutilité lui pesait. Sous l’influence du milieu vulgaire dans lequel il grandissait, ses nerfs étaient devenus plus irritables, et son esprit de moins en moins communicatif. Gertrude seule aurait pu l’apprivoiser et le rendre expansif ;