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Gérard, au lendemain même de sa dernière entrevue avec celle qu’il aimait, avait appris l’étrange disparition de Véronique. Il avait d’abord cru à un mensonge ou à quelque mot d’ordre ; mais la nouvelle s’étant sérieusement confirmée, il était tombé dans un sombre abattement. Il se perdait en conjectures, en projets insensés, et toujours il venait se heurter contre l’inconnu et l’inexplicable. Parfois, irrité de son inaction, il s’élançait dans la forêt et se fatiguait à de vaines recherches à travers les gorges les plus ignorées. Puis il revenait au logis les pieds meurtris, le cœur désespéré, pâle, fiévreux, dans un état à faire pitié.— Ainsi se passèrent deux semaines. Madame La Faucherie, qui assistait chaque jour à ces poignants et silencieux désespoirs, n’avait pu encore se résoudre à faire connaître à Gérard la courageuse action de Véronique, dont M. de Vendières lui avait conté tous les détails ; mais quand elle vit que les jours se succédaient sans diminuer l’agitation de son fils, elle se décida à lui révéler ce dénouement inattendu. Seulement l’égoïsme maternel triompha de sa sincérité accoutumée, et laissant ignorer à Gérard sa visite à Véronique, la pression morale qu’elle avait exercée et le sacrifice qu’elle avait obtenu, elle réduisit la démarche