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— Qui est là ? dit-elle d’une voix stridente.

Personne ne répondit. Les doigts cessèrent d’agiter l’olive de la porte ; le glissement de pieds recommença plus timide et décroissant peu à peu, puis la maison retomba dans le silence..

Dès l’aube, Bernard du Tremble partit pour Saint-Gengoult afin d’y acheter ses munitions de chasse. Ce voyage avait encore un autre but. Bernard était impatient de savoir ce qu’on pensait là-bas de Véronique. Incapable de se sacrifier lui-même, il ne croyait pas au dévouement des autres, et attribuait la conduite de sa femme à un intérêt dont il ne démêlait pas bien les motifs. La fuite de Véronique, sa résignation, les termes blessants de la lettre de sa tante, tout cela lui semblait plein d’obscures équivoques. Dès qu’il fut arrivé à Saint-Gengoult, il se rendit dans un café, se mêla aux propos des habitués et amena habilement la conversation sur la famille Obligitte. Il fut bien vite au courant des commérages. La rupture du mariage d’Adeline et le brusque départ de Véronique avaient mis en ébullition les cerveaux des curieux, et dans leurs bavardages le nom de la jeune femme, uni à celui de Gérard La Faucherie, frappa plus d’une fois les oreilles du verrier…