Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/335

Cette page n’a pas encore été corrigée


À partir du jour où il connut la lettre de madame Obligitte, ses manières commencèrent à s’altérer ; une nuance d’aigreur se mêla au miel de ses paroles, et sous ses caresses félines la griffe se fit légèrement sentir. La résignation qu’il avait montrée se mélangea d’accès d’irritabilité nerveuse, et les paroles cruelles alternèrent avec les mots aimables. Il ne parlait plus si souvent de ses travaux, mais il faisait fréquemment dans les bois environnants de longues promenades mystérieuses, d’où il revenait plus sombre et plus hargneux qu’au départ. Ses instincts mauvais reparaissaient comme ces essaims de mouches malfaisantes qui se dispersent à la première alerte et se reforment plus nombreux au premier calme. Un soir que le souper avait été maigre et que Véronique insistait pour que du Tremble se remît au travail : — Vous avez parbleu raison, dit-il en frappant du poing sur la table, il faut battre monnaie… Mon idée grandit, patience ! tout ira bien. En attendant, il s’agit de garnir votre garde-manger… Je m’en charge !

Et comme elle semblait désireuse de connaître la façon dont il s’y prendrait :

— J’ai bon pied, bon œil, reprit-il, et j’en remontrerais au plus fin braconnier… Pouvez-vous vous