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fièrement à l’écart, ne frayant qu’avec leurs confrères, et rendant avec usure aux bourgeois les mépris hautains des nobles familles du voisinage.

La révolution de 1789 porta un rude coup à leur prospérité en anéantissant leur monopole. Mais aujourd’hui encore ils ont en grand mépris les roturiers, qu’ils tiennent à distance et qu’ils appellent des sacrés-mâtins ; ils ne se marient guère qu’entre eux, et la fille d’un gentilhomme verrier ferait plutôt d’un bourgeois son amant que son mari. La plupart vivent très pauvrement et ont adopté les mœurs et le costume des paysans au milieu desquels ils habitent ; quelques-uns, fatigués de leur oisiveté, ont pris du service et sont devenus de bons officiers.

C’était ce qu’avait fait le capitaine Jacques de Mauprié, père de Gertrude ; mais ses efforts pour tirer sa famille de l’ornière n’avaient pas réussi. Il était mort trop tôt, et Gertrude, confiée aux soins de sa tante, était précisément tombée dans ce milieu d’où le capitaine avait si énergiquement cherché à sortir. Comme on l’a vu plus haut, la veuve de Mauprié, qui vivait maigrement d’une rente viagère de deux mille francs, avait accueilli sa nièce sans enthousiasme, et la vie que l’orpheline menait à Lachalade é