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envisageant avec terreur ce commencement d’explication.

— Si fait ! poursuivit-il en s’animant, vous devez me garder rancune, vous ne pouvez pas oublier mes torts… Je ne me suis pas conduit comme un gentilhomme ; je reconnais mes fautes… Mais, s’écria-t-il, il y a une pitié au monde, et on ne peut pourtant pas me laisser mourir seul comme une bête fauve au fond d’un bois… Le devoir est une belle chose, mais la charité vaut mieux encore… Il ne m’a manqué qu’un peu de charité pour sortir de l’ornière… Si au lieu de me fuir comme un lépreux, on avait eu la compassion de me tendre la main, qui sait ce que j’aurais pu devenir… Oui, à Bronnenthal, j’étais tombé bien bas, mais avec un mot de pitié, vous auriez pu me relever, Véronique, et vous n’avez pas voulu… Ah ! la fièvre me brûle, dit-il en s’interrompant, donnez-moi à boire !…

Elle lui présenta un verre d’eau, et tandis qu’il buvait, elle songeait à ce qu’il venait de dire… Ces lamentations la troublaient. Elle s’était déjà parfois reproché toutes les choses qu’il venait d’insinuer, et elle s’accusait d’être responsable des malheurs et des fautes de Bernard. Elle fut émue, et le laissa voir en essuyant une larme.

L’œil inquisiteur de M. du Tremble avait déjà