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soir !… Mais où aller, où tromper un refuge assuré contre lui, contre moi-même ? Misérable situation que la mienne ! Rien ne me protège contre les tentations et les défaillances : ni l’isolement, ni la fuite même… Une femme séparée de son mari !… Le gibier du diable, comme disait cet huissier…— Et tout à coup sa pensée se reporta vers la proposition que lui avait faite Cornefer.— Assurément, il y avait pour elle, là-bas, dans cette verrerie du Four-aux-Moines, un asile devant lequel l’amour le plus passionné s’arrêterait et reculerait… Cette seule idée la faisait frissonner d’horreur et de dégoût.

— Et pourquoi pas là ? reprit-elle avec désespoir, je veux être guérie, et je recule devant les remèdes violents… Je suis lâche. Qu’importe l’endroit, pourvu que Gérard ne puisse m’y rejoindre !

Elle sonna la domestique et lui donna l’ordre de se rendre à l’auberge indiquée par l’huissier, de demander Cornefer et de le ramener. Tandis que la servante s’acquittait de ce message, elle monta dans sa chambre, fit rapidement ses préparatifs de départ, écrivit une courte lettre pour informer M. Obligitte de sa résolution et redescendit au salon où l’huissier l’attendait déjà.