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mars 1603, et le roi se rendait à Metz avec Marie de Médicis ; comme on descendait la côte des Chalaides, au sortir de Sainte-Menehould, plusieurs gentilshommes débouchèrent de la lisière du bois et coururent au-devant de la voiture. « Qui sont ces gens-là ? demanda le roi.— Sire, répondit le postillon, ce sont des souffleurs de bouteilles… » Le Béarnais se mit à rire ; les mauvaises langues prétendent même qu’il se permit sur leur compte une plaisanterie assez salée. La voiture ne s’arrêta pas, car il tombait une petite pluie fine, il mousinait, comme on dit dans le pays, et on avait déjà perdu beaucoup de temps à écouter la harangue des notables de Sainte-Menehould ; mais Henri IV fit prendre les placets des verriers, et peu de jours après leur accorda de nouvelles lettres patentes.

Ces gentilshommes, demi-artistes et demi-aventuriers, avaient été sans doute attirés dans l’Argonne par les ressources nombreuses que le pays offrait à leur industrie. Un sable pur y foisonnait dans les bruyères, et les bois, peu exploités, donnaient le charbon à discrétion. Eu outre, les retraites giboyeuses des défilés, les eaux poissonneuses de la Biesme, étaient faites pour retenir des gens qui aimaient la