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V


Véronique n’attendait plus que le retour de son oncle, pour mettre à exécution la promesse qu’elle avait faite à madame La Faucherie. Sans avoir encore choisi le lieu de sa retraite, elle avait tout préparé pour un prochain départ. Avec ses goûts modestes, le revenu de sa dot devait suffire à la faire vivre partout où elle irait ; d’ailleurs, elle était décidée à gagner au besoin sa vie en donnant des leçons de piano. L’essentiel était de choisir une grande ville, où elle serait plus indépendante et plus ignorée. Au moment de prendre cette résolution suprême, elle évoquait pour se donner du courage le souvenir des heures d’épreuve qu’elle avait déjà eu à supporter. Elle revoyait les jours qui avaient précédé son mariage ; la petite ville d’Alsace où, après la mort de son père, elle avait vécu seule avec sa mère, personne inquiète et maladive,