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temps de mon père, nous faisions une tout autre figure à la grande verrerie de Bronnenthal… N’avez-vous jamais entendu parler des du Tremble ?

Le jeune homme répondit négativement.— Ah ! fit son interlocuteur d’un air piqué.— Sa figure prit une expression hautaine, il devint silencieux, et vida lentement son verre en jetant un regard oblique du côté de Gérard, puis il reprit avec emphase : — Eh bien, monsieur, ma famille est une des plus anciennes souches de gentilshommes verriers. L’un de mes ancêtres, Jérémie du Tremble, était établi dans l’Argonne en 1555, et nos privilèges ont été confirmés, en 1603, par lettres patentes du roi Henri IV… Dans les mauvais jours, en 90, mon grand’père, David du Tremble, a quitté l’Argonne pour aller défendre la bonne cause sur le Rhin ; puis, plus tard, il s’est établi à Bronnenthal… Et c’est là que je serais encore si le guignon ne m’avait poursuivi.

— Vous avez eu des revers de fortune ? dit Gérard.

— Je me suis marié, monsieur, et tout mon malheur vient de là !… Il s’arrêta court, et la conversation tomba.— Il s’était remis à boire à petits coups ; peu à peu sa langue se délia de